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Décidément, Emmanuel Macron a le don de surprendre. Si la politique est l’art de mobiliser les symboles, alors le débat et les apparitions du président qui ont précédés le vote du second tour ont été peu convaincants. Du moins dans les quartiers populaires où la plupart des votants avaient apporté leurs suffrages à Jean-Luc Mélenchon. Disons le tout de go : le moral était dans les chaussettes.
Les longues semaines d’attente qui ont suivi sa promesse d’inventer une nouvelle méthode n’ont rien arrangé. Bon, la nomination d’Elisabeth Borne nous a bien fait ouvrir un œil, puis tendre une oreille, mais franchement sans grande illusion.
Et puis bam ! Pap Ndiaye au ministère de l’Education nationale, Rima Abdul-Malak à la Culture, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, et Justine Bénin à la Mer, ce qui n’est pas rien quand l’on sait que la France est la deuxième puissance maritime mondiale au regard des enjeux géopolitiques. On cherche encore la méthode… Mais waouh, quelle audace !
Lire aussi : Nouvelle méthode présidentielle : entre la technocratie et le populisme, il existe une 3e voie, celle de l’intelligence collective
Les longues semaines d’attente qui ont suivi sa promesse d’inventer une nouvelle méthode n’ont rien arrangé. Bon, la nomination d’Elisabeth Borne nous a bien fait ouvrir un œil, puis tendre une oreille, mais franchement sans grande illusion.
Et puis bam ! Pap Ndiaye au ministère de l’Education nationale, Rima Abdul-Malak à la Culture, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, et Justine Bénin à la Mer, ce qui n’est pas rien quand l’on sait que la France est la deuxième puissance maritime mondiale au regard des enjeux géopolitiques. On cherche encore la méthode… Mais waouh, quelle audace !
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Une dynamique d’inclusivité nécessaire pour continuer à faire société
Fort de cet enthousiasme, nous sommes restés interdit face au bruit et à la fureur que provoquait un débat contradictoire sur la nomination de Pap Ndiaye sans que lui-même ait eu le temps matériel de prendre la parole. Il faut refuser tous les termes de ce faux débat renvoyant à des assignations territoriales, raciales, sociologiques d’une époque révolue. Comme nous tous, Pap Ndiaye est un être construit par de nombreuses identités et mû par de multiples aspirations. Un être doté de complexité dans un monde qui lui aussi se complexifie. Maladroitement, certains, croyant bien faire, ont brandit son CV bardé de diplômes, ce qui peut donner l’impression qu’il soit une simple exception. Alors, quelle serait la règle ? En réalité, il est l’arbre cachant une immense forêt.
Très bien le diplôme, mais après ? Pierre Bérégovoy, Premier ministre entre 1992 et 1993 sous François Mitterrand, n’avait qu’un CAP. Sans véritable réalisation qui contribue au progrès de la condition de nos concitoyens, les diplômes ne sont que titres de noblesse républicanisés. Dans le jargon de la « mumu attitude », nous dirions « halalisés ». Or, Pap Ndiaye a eu le courage d’importer et d’adapter une méthode pour identifier et combattre les différentes formes de racisme et de discrimination. Il est donc sorti de sa zone de confort de normalien avec rente. Il a su prendre des risques pour la défense, en réalité, de notre universalisme républicain, n’en déplaise à ses pourfendeurs.
C’est exactement cette attitude que nous attendions de ceux propulsés ministres avec l’affreuse étiquette « diversité » mais bloqués par « le doute capacitaire » qui soit subi de l’extérieur ou pire, intériorisé. Ce vocable que nous empruntons volontiers à Jean-Claude Felix Tchicaya, chercheur en sciences sociales, incite souvent la personne souffrant de ce « doute capacitaire » à fermer à double tour la porte derrière elle. L’inclusion des femmes dans les lieux de pouvoir connaît de nombreux exemples qui illustrent à volonté ce phénomène. Même si certaines ont su développer une sororité pour antidote. Mais « quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes », comme le disait naguère si bien Brice Hortefeux à propos de la diversité. Une phrase condamnée en première instance puis relaxée en seconde instance. Sur le plan cognitif, cette soi-disant phrase d’Auvergnat a fait auprès des élus dits de la diversité l’effet d’une bombe atomique à fragmentation multiple.
Alors oui, son parcours d’excellence tant académique que professionnel peut lui conférer le titre de supernova dont on avait pointé notre vigilance dans une tribune publiée dans La Croix, surtout quand le 06 ne fonctionne plus. Mais sa part d’exemplarité sacrificielle dont il a déjà fait la preuve pourra peut-être entrainer dans son sillage des étoiles plus modestes, à l’instar de notre Soleil où la vie a pu émerger avec une extraordinaire pluralité. Cette analogie explique bien la dynamique d’inclusivité que nous souhaitons au sein de notre République pour continuer à faire société.
Très bien le diplôme, mais après ? Pierre Bérégovoy, Premier ministre entre 1992 et 1993 sous François Mitterrand, n’avait qu’un CAP. Sans véritable réalisation qui contribue au progrès de la condition de nos concitoyens, les diplômes ne sont que titres de noblesse républicanisés. Dans le jargon de la « mumu attitude », nous dirions « halalisés ». Or, Pap Ndiaye a eu le courage d’importer et d’adapter une méthode pour identifier et combattre les différentes formes de racisme et de discrimination. Il est donc sorti de sa zone de confort de normalien avec rente. Il a su prendre des risques pour la défense, en réalité, de notre universalisme républicain, n’en déplaise à ses pourfendeurs.
C’est exactement cette attitude que nous attendions de ceux propulsés ministres avec l’affreuse étiquette « diversité » mais bloqués par « le doute capacitaire » qui soit subi de l’extérieur ou pire, intériorisé. Ce vocable que nous empruntons volontiers à Jean-Claude Felix Tchicaya, chercheur en sciences sociales, incite souvent la personne souffrant de ce « doute capacitaire » à fermer à double tour la porte derrière elle. L’inclusion des femmes dans les lieux de pouvoir connaît de nombreux exemples qui illustrent à volonté ce phénomène. Même si certaines ont su développer une sororité pour antidote. Mais « quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes », comme le disait naguère si bien Brice Hortefeux à propos de la diversité. Une phrase condamnée en première instance puis relaxée en seconde instance. Sur le plan cognitif, cette soi-disant phrase d’Auvergnat a fait auprès des élus dits de la diversité l’effet d’une bombe atomique à fragmentation multiple.
Alors oui, son parcours d’excellence tant académique que professionnel peut lui conférer le titre de supernova dont on avait pointé notre vigilance dans une tribune publiée dans La Croix, surtout quand le 06 ne fonctionne plus. Mais sa part d’exemplarité sacrificielle dont il a déjà fait la preuve pourra peut-être entrainer dans son sillage des étoiles plus modestes, à l’instar de notre Soleil où la vie a pu émerger avec une extraordinaire pluralité. Cette analogie explique bien la dynamique d’inclusivité que nous souhaitons au sein de notre République pour continuer à faire société.
Articuler la verticalité avec l’horizontalité, un enjeu crucial
Mais attention, Pap Ndiaye ne doit jamais être réduit à un simple symbole car il est bien un ministre de la République chargé de l’Education nationale et de la Jeunesse de tous les territoires et de tous les habitants de France, y compris ceux séparés par les immensités océaniques, mais qui restent liés par l’esprit républicain que même les cyclones tropicaux ne sauraient défaire. Il est un signe positif du président de la République envoyé à tous les écoliers et élèves de France pour les inciter à se transcender.
Nous souhaitons que notre nouveau ministre puisse reprendre à son compte la volonté de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale du Front Populaire, qui a tout mis en œuvre pour que des esprits brillants mais sans le sou puissent accéder à la haute fonction publique et donner le meilleur d’eux-mêmes. Aujourd’hui, à l’heure de la transformation numérique, notre mobilité sociale est paradoxalement, plus que jamais, figée dans le formol.
Si on se réfère à son premier déplacement lundi 23 mai au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), et à cette phrase martelée « Je suis professeur, je parle aux enseignants comme à des collègues », il y a là un style nouveau qui installe un rapport horizontal qui semble plus en phase avec l’esprit de notre temps. L’enjeu est en effet d’articuler la verticalité avec l’horizontalité.
Ce premier déplacement en tant que ministre dans le collège où a enseigné Samuel Paty souligne la continuité de l’élan présidentiel à renforcer nos principes républicains. Bien qu’il manque encore de la mixité sociale, l’effort dans la mixité de genre mais aussi de parcours dans ce premier gouvernement Borne est, en revanche, un signe puissant d’optimisme et de bonne santé envoyé à notre communauté nationale mais aussi à l’Europe qui, n’oublions pas, est en proie à une guerre et où certains pays connaissent déjà un gouvernement d’extrême droite.
Lire aussi :
L’extrême droite au plus haut, l’hiver vient !La France face à elle-même
Nous souhaitons que notre nouveau ministre puisse reprendre à son compte la volonté de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale du Front Populaire, qui a tout mis en œuvre pour que des esprits brillants mais sans le sou puissent accéder à la haute fonction publique et donner le meilleur d’eux-mêmes. Aujourd’hui, à l’heure de la transformation numérique, notre mobilité sociale est paradoxalement, plus que jamais, figée dans le formol.
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Ce premier déplacement en tant que ministre dans le collège où a enseigné Samuel Paty souligne la continuité de l’élan présidentiel à renforcer nos principes républicains. Bien qu’il manque encore de la mixité sociale, l’effort dans la mixité de genre mais aussi de parcours dans ce premier gouvernement Borne est, en revanche, un signe puissant d’optimisme et de bonne santé envoyé à notre communauté nationale mais aussi à l’Europe qui, n’oublions pas, est en proie à une guerre et où certains pays connaissent déjà un gouvernement d’extrême droite.
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