L'aristocratie, par d'autres moyens
Les régimes politiques répressifs et autocratiques n'atteignent pas ces objectifs car ils ne sont pas les leurs. En faisant de la violence et de la terreur politique l'instrument de leur pouvoir et de leur domination sociale, de tels régimes reprennent à leur compte l'idée machiavélienne selon laquelle un prince sera plus respecté de son peuple en s'en faisant craindre plutôt qu'en cherchant à s'en faire aimer car, dans cette conception philosophique, le peuple est volatile et inconstant, donc indigne de confiance. Il demeure dans l'enfance politique et nécessite une tutelle autoritaire qui doit le préserver de lui-même, de ses caprices et de ses passions, qui sont susceptibles de plonger la société entière dans l'anarchie.
Mais la violence politique n'atteind jamais pleinement ses objectifs car l'accaparement des richesses et des privilèges, la multiplication de l'impunité et le climat de désespoir qu'elle engendre inévitablement dans la population rend impossible une gestion durable de l'oppression qui nourrit les révoltes et contraint les despotes aux réformes ou aux sorties violentes du pouvoir. Le pouvoir use, et tout régime illégitime, s'y maintenant par la violence, doit s'attendre un jour à s'en voir destituer par une violence supérieure.
Si les régimes dictatoriaux et arbitraires, par la privation de liberté qu'ils imposent, par la tyrannie et l'injustice qu'ils exercent, n'assurent pas aux hommes le développement et l'épanouissement de leur nature humaine, morale, les régimes dits démocratiques ne remplissent pas davantage de telles finalités car ils partagent finalement une conception de l'homme assez proche des régimes oppressifs. Les élites, multiples décideurs politiques et économiques, intellectuels et membres divers des aristocraties en poste dans les régimes qualifiés improprement de démocratiques, ont hérité de Platon la conception du peuple comme étant naturellement ignorant, amoureux de la doxa (l'opinion) et incapable de se gérer et de se gouverner lui-même. Celui qui fut vendu comme esclave à la fin de sa vie, se défiait du peuple en général et considérait que les philosophes-rois avaient vocation à incarner l'excellence politique, pour peu qu'on les laisseraient gouverner.
Nos techno-aristocrates d'aujourd'hui partagent la même philosophie à l'égard de leurs administrés, la seule différence notoire d'avec les régimes autocratiques résidant dans la forme que devrait revêtir le gouvernement pour qu'il soit acceptable et les moyens de gouverner à mettre en oeuvre pour que les mêmes objectifs soient atteints, différemment. A cet égard, et sur le plan de la similitude des objectifs et de la conception de la nature humaine, on peut dire, sans choquer et pour reprendre une formule célèbre, que la démocratie est la poursuite, par l'aristocratie, des buts de l'autocratie, par d'autres moyens. Conserver l'exercice exclusif du pouvoir, en le divisant, donc en le répartissant pour, d'une part, éviter sa concentration, toujours nuisible, entre des mains uniques, mais aussi d'autre part pour éviter sa perte au profit d'autres groupes sociaux qui pourraient devenir dominant et renouveler des "équilibres" ou partages de pouvoirs, souvent anciens. Quadriller l'accès au pouvoir par une réglementation pesante et contraignante qui limite le renouvellement imprévisible de l'échiquier politique et garantit la longévité d'un système gérontocratique et nobilier. Créer des contre-feux éventuels, d'autres formes de pouvoirs et d'influences (économiques, médiatiques, culturelles..) qui perdureront, au delà de la formule consacrée de la séparation des pouvoirs, leur confiscation.
L'apparente transparence du système démocratique, fondée sur la souveraineté du peuple et le choix libre de leurs représentants par le vote, est un leurre. Dans un système politique élaboré et géré par une aristocratie, tout accès au pouvoir d'un "plébéien inculte" pour reprendre la formule de Nietzsche au sujet de Socrate, est inconcevable. Les démocraties modernes, ou démocraties représentatives, garantissent bien à tous leurs citoyens l'accès "libre" au vote, mais non au pouvoir. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur l'ensemble des assemblées parlementaires de ces systèmes politiques pour constater qu'elles regorgent d'élites et de représentants de catégories économiques et socio-culturelles parfaitement homogènes, alors même qu'elles sont souvent minoritaires dans leur société. Des leaders politiques se succèdent les uns après les autres, gardiens différents d'un temple unique, voués à consacrer le même culte idéologique. Le concept de souveraineté du peuple est un dogme de théologie politique qui tente de cacher et d'occulter la réalité, pourtant très claire, de la nature du pouvoir dans les systèmes dit de démocratie représentative : un régime aristocratique et oligarchique dont la caractéristique est un renouvellement réalisé par un vote, qui est le seul aspect démocratique du système.
Mais la violence politique n'atteind jamais pleinement ses objectifs car l'accaparement des richesses et des privilèges, la multiplication de l'impunité et le climat de désespoir qu'elle engendre inévitablement dans la population rend impossible une gestion durable de l'oppression qui nourrit les révoltes et contraint les despotes aux réformes ou aux sorties violentes du pouvoir. Le pouvoir use, et tout régime illégitime, s'y maintenant par la violence, doit s'attendre un jour à s'en voir destituer par une violence supérieure.
Si les régimes dictatoriaux et arbitraires, par la privation de liberté qu'ils imposent, par la tyrannie et l'injustice qu'ils exercent, n'assurent pas aux hommes le développement et l'épanouissement de leur nature humaine, morale, les régimes dits démocratiques ne remplissent pas davantage de telles finalités car ils partagent finalement une conception de l'homme assez proche des régimes oppressifs. Les élites, multiples décideurs politiques et économiques, intellectuels et membres divers des aristocraties en poste dans les régimes qualifiés improprement de démocratiques, ont hérité de Platon la conception du peuple comme étant naturellement ignorant, amoureux de la doxa (l'opinion) et incapable de se gérer et de se gouverner lui-même. Celui qui fut vendu comme esclave à la fin de sa vie, se défiait du peuple en général et considérait que les philosophes-rois avaient vocation à incarner l'excellence politique, pour peu qu'on les laisseraient gouverner.
Nos techno-aristocrates d'aujourd'hui partagent la même philosophie à l'égard de leurs administrés, la seule différence notoire d'avec les régimes autocratiques résidant dans la forme que devrait revêtir le gouvernement pour qu'il soit acceptable et les moyens de gouverner à mettre en oeuvre pour que les mêmes objectifs soient atteints, différemment. A cet égard, et sur le plan de la similitude des objectifs et de la conception de la nature humaine, on peut dire, sans choquer et pour reprendre une formule célèbre, que la démocratie est la poursuite, par l'aristocratie, des buts de l'autocratie, par d'autres moyens. Conserver l'exercice exclusif du pouvoir, en le divisant, donc en le répartissant pour, d'une part, éviter sa concentration, toujours nuisible, entre des mains uniques, mais aussi d'autre part pour éviter sa perte au profit d'autres groupes sociaux qui pourraient devenir dominant et renouveler des "équilibres" ou partages de pouvoirs, souvent anciens. Quadriller l'accès au pouvoir par une réglementation pesante et contraignante qui limite le renouvellement imprévisible de l'échiquier politique et garantit la longévité d'un système gérontocratique et nobilier. Créer des contre-feux éventuels, d'autres formes de pouvoirs et d'influences (économiques, médiatiques, culturelles..) qui perdureront, au delà de la formule consacrée de la séparation des pouvoirs, leur confiscation.
L'apparente transparence du système démocratique, fondée sur la souveraineté du peuple et le choix libre de leurs représentants par le vote, est un leurre. Dans un système politique élaboré et géré par une aristocratie, tout accès au pouvoir d'un "plébéien inculte" pour reprendre la formule de Nietzsche au sujet de Socrate, est inconcevable. Les démocraties modernes, ou démocraties représentatives, garantissent bien à tous leurs citoyens l'accès "libre" au vote, mais non au pouvoir. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur l'ensemble des assemblées parlementaires de ces systèmes politiques pour constater qu'elles regorgent d'élites et de représentants de catégories économiques et socio-culturelles parfaitement homogènes, alors même qu'elles sont souvent minoritaires dans leur société. Des leaders politiques se succèdent les uns après les autres, gardiens différents d'un temple unique, voués à consacrer le même culte idéologique. Le concept de souveraineté du peuple est un dogme de théologie politique qui tente de cacher et d'occulter la réalité, pourtant très claire, de la nature du pouvoir dans les systèmes dit de démocratie représentative : un régime aristocratique et oligarchique dont la caractéristique est un renouvellement réalisé par un vote, qui est le seul aspect démocratique du système.
Par ailleurs, et malgré l'identité des fins politiques poursuivies, nous avons vu que les moyens employés par les régimes démocratiques se distinguent nettement des régimes arbitraires. Les démocraties se construisent sur l'idée unique de liberté et se proposent d'atteindre cette liberté par divers moyens. Nous ne développerons pas, ici, la conception précise que les démocraties accordent à la valeur "liberté", ce qui demanderait tout un ouvrage. Mais l'on peut dire tout de suite que le sens immédiat qui se dégage des usages et des discours dominants de la société "moderne" sur la liberté, est essentiellement matérialiste, sensualiste et hédoniste. C'est le modèle de la société de consommation où la jouissance des sens se substitue à toute autre activité humaine, en devient le moteur et le but.
Une telle "idéologie" ne permet pas au système démocratique de répondre et d'assurer à l'homme le développement de sa nature car le corollaire immédiat de cette philosophie est d'extirper de la pensée humaine l'idée de sens, de finalité, de morale et d'équilibre. La surdétermination du principe de liberté, qui masque le vide spirituel, la vanité et l'absurdité du mode de vie des sociétés industrialisées, entraîne un déséquilibre de la nature humaine qui ne trouve pas de principes pour s'orienter, de valeurs à partager et de choses à transmettre. Elle se retrouve entraînée dans une spirale d'excès libertaires et anarchiques qui ne connaissent pas de fins. La réalité de la pédophilie, la résurgence de l'inceste, la prolifération du suicide et l'usage "normé" des stupéfiants, sont autant d'indices et de preuves qu'il existe bien de tels processus à l'oeuvre dans les sociétés dites "démocratiques". Des sociétés immorales, amorales, ou avec des morales n'obéissant pas à la nature humaine et à ses finalités.
Cette harmonie, que nous évoquions plus haut, est atteinte lorsque le principe de félicité et le principe de sagesse trouvent leur équilibre naturel dans une voie médiane, accessible à l'ensemble des humains. Une voie qui, par sa nature, ses exigences et ses finalités est nécessairement fondée par et pour Dieu (Allah). L'échec historique de toutes les morales humaines en est un rappel constant.
Le déséquilibre de nos sociétés contemporaines s'explique par le fait qu'un tel code n'existe plus, les seuls régulateurs sociaux étant d'une part la violence d'état (polices, armées...) dans la pure tradition wébérienne, doublée d'une gestion hédoniste et épicurienne des rapports humains, à travers la diffusion et l'établissement d'un mode de vie consumériste, censé pacifier l'humain de ses instincts violents et le détourner de toute action ou entreprise pouvant nuire ou bouleverser l'équilibre des forces socio-politico-économique de son environnement. En somme, un substitut de morale fondé sur l'illusion que le bonheur repose dans les choses externes. Une illusion volontairement entretenue et utilisée comme dérivatif psychologique et politique.
Un tel schéma social ne fait malheureusement que refouler ses défauts, et en les refoulant, ne leur donne que plus de force. L'anarchie en est l'unique destinataire. C'est, là encore, l'un des "paradoxes" des sociétés dites démocratiques qui revendiquent, pour elles, le monopole du droit et affirment incarner la paix civile, tout en promouvant et distillant, en leur sein, des logiques de compétition, d'affrontement et de guerres économiques, sociales, politiques et religieuses, qui les minent et les poussent chaque jour, davantage, vers l'implosion.
Une telle "idéologie" ne permet pas au système démocratique de répondre et d'assurer à l'homme le développement de sa nature car le corollaire immédiat de cette philosophie est d'extirper de la pensée humaine l'idée de sens, de finalité, de morale et d'équilibre. La surdétermination du principe de liberté, qui masque le vide spirituel, la vanité et l'absurdité du mode de vie des sociétés industrialisées, entraîne un déséquilibre de la nature humaine qui ne trouve pas de principes pour s'orienter, de valeurs à partager et de choses à transmettre. Elle se retrouve entraînée dans une spirale d'excès libertaires et anarchiques qui ne connaissent pas de fins. La réalité de la pédophilie, la résurgence de l'inceste, la prolifération du suicide et l'usage "normé" des stupéfiants, sont autant d'indices et de preuves qu'il existe bien de tels processus à l'oeuvre dans les sociétés dites "démocratiques". Des sociétés immorales, amorales, ou avec des morales n'obéissant pas à la nature humaine et à ses finalités.
Cette harmonie, que nous évoquions plus haut, est atteinte lorsque le principe de félicité et le principe de sagesse trouvent leur équilibre naturel dans une voie médiane, accessible à l'ensemble des humains. Une voie qui, par sa nature, ses exigences et ses finalités est nécessairement fondée par et pour Dieu (Allah). L'échec historique de toutes les morales humaines en est un rappel constant.
Le déséquilibre de nos sociétés contemporaines s'explique par le fait qu'un tel code n'existe plus, les seuls régulateurs sociaux étant d'une part la violence d'état (polices, armées...) dans la pure tradition wébérienne, doublée d'une gestion hédoniste et épicurienne des rapports humains, à travers la diffusion et l'établissement d'un mode de vie consumériste, censé pacifier l'humain de ses instincts violents et le détourner de toute action ou entreprise pouvant nuire ou bouleverser l'équilibre des forces socio-politico-économique de son environnement. En somme, un substitut de morale fondé sur l'illusion que le bonheur repose dans les choses externes. Une illusion volontairement entretenue et utilisée comme dérivatif psychologique et politique.
Un tel schéma social ne fait malheureusement que refouler ses défauts, et en les refoulant, ne leur donne que plus de force. L'anarchie en est l'unique destinataire. C'est, là encore, l'un des "paradoxes" des sociétés dites démocratiques qui revendiquent, pour elles, le monopole du droit et affirment incarner la paix civile, tout en promouvant et distillant, en leur sein, des logiques de compétition, d'affrontement et de guerres économiques, sociales, politiques et religieuses, qui les minent et les poussent chaque jour, davantage, vers l'implosion.
Une nouvelle Renaissance
Une société ne peut perdurer qu'en restant "humaine" et cela n'est possible que par l'adoption d'une morale collective, efficiente et vivante, où chaque élément du corps social préservera la totalité de son organisme, en prévenant et rejetant toute nuisance et mal social (vol, mensonge, violence physique et morale, anarchie sexuelle...) et en tendant davantage vers sa vitalité (justice sociale, vertus morales, éducation, pudeur et dignité humaine...). A travers le concept de "hisba" (prescrire le bien et écarter le mal), l'Islam enseigne qu'une telle morale est nécessairement collective car le destin d'une société est l'affaire de tous ses membres. Aussi longtemps qu'une société verra la majorité de ses membres se soucier de son devenir, et refléter ce souci dans ses moeurs, elle se préservera de toute menace interne que ce soit l'insouciance, la suffisance, l'immoralité ou toute autre forme d'égarement.
En Occident, la sortie officielle et nécessaire du fait religieux judéo-chrétien qui a entraîné l'abandon de la morale et l'éloge de l'individu, interdit toute auto-réforme qui irait dans ce sens. Une nouvelle foi, l'islam, après la "Renaissance" scientifique du XVè siècle et à travers l'importante présence musulmane en occident, représente une seconde chance historique pour l'humanité, un nouvel espoir de "renaissance" morale et spirituelle, pour la survie de l'humain, contre la destruction de l'homme par l'homme.
En Occident, la sortie officielle et nécessaire du fait religieux judéo-chrétien qui a entraîné l'abandon de la morale et l'éloge de l'individu, interdit toute auto-réforme qui irait dans ce sens. Une nouvelle foi, l'islam, après la "Renaissance" scientifique du XVè siècle et à travers l'importante présence musulmane en occident, représente une seconde chance historique pour l'humanité, un nouvel espoir de "renaissance" morale et spirituelle, pour la survie de l'humain, contre la destruction de l'homme par l'homme.