En 2009 est publiée, grâce au P. Maurice Borrmans, la correspondance qu'ont échangée le professeur au Collège de France Louis Massignon et le professeur Muhammad Hamidullah, premier musulman à avoir traduit le Coran en français dans son intégralité.
Le père Maurice Borrmans, islamologue, est décédé le 26 décembre 2017, à Bry-sur-Marne, à l’âge de 92 ans. Professeur émérite au sein de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie (PISAI) et directeur pendant près de vingt ans de la revue annuelle Islamochristiana qu’il avait créée en 1975, il fut un auteur prolifique de plus d’une douzaine d’ouvrages et de très nombreux articles scientifiques. En particulier, il a été à l’initiative de la publication inédite de correspondances des pionniers du dialogue islamo-chrétien du XXe siècle.
Il en est ainsi de l’ouvrage Lettres à un ami éternel (Éd. Bayard, 2015), où il publie ses échanges épistolaires, de 1974 à 1995, avec Christian de Chergé, moine puis prieur de l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine. En mai 1996, Christian de Chergé fut enlevé et assassiné avec six autres moines cisterciens de Tibhirine durant la guerre civile algérienne.
Maurice Borrmans publie également Confidences islamo-chrétiennes, du père Jacques Jomier (Chemins de dialogue, 2016) qui y relate l’évolution des relations entre chrétiens et musulmans en Égypte. Cet ouvrage compile quelque 200 lettres qu’il reçut entre 1967 et 2008 de celui qui fut islamologue et cofondateur de l’Institut dominicain d’études orientales (IDEO), au Caire, avec le P. Georges Anawati.
Il en est ainsi de l’ouvrage Lettres à un ami éternel (Éd. Bayard, 2015), où il publie ses échanges épistolaires, de 1974 à 1995, avec Christian de Chergé, moine puis prieur de l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine. En mai 1996, Christian de Chergé fut enlevé et assassiné avec six autres moines cisterciens de Tibhirine durant la guerre civile algérienne.
Maurice Borrmans publie également Confidences islamo-chrétiennes, du père Jacques Jomier (Chemins de dialogue, 2016) qui y relate l’évolution des relations entre chrétiens et musulmans en Égypte. Cet ouvrage compile quelque 200 lettres qu’il reçut entre 1967 et 2008 de celui qui fut islamologue et cofondateur de l’Institut dominicain d’études orientales (IDEO), au Caire, avec le P. Georges Anawati.
Une correspondance de près de 30 ans entre Hamidullah et Massignon
Connaissant bien l’œuvre et la pensée de l’orientaliste Louis Massignon, qui fut spécialiste de la mystique et de la philosophie musulmane, le P. Maurice Borrmans publie et commente la correspondance échangée, de 1935 à 1962, entre Louis Massignon, professeur honoraire au collège de France et membre de l’Institut, et Muhammad Hamidullah. Cette correspondance fait l’objet d’un long article inédit, intitulé « Louis Massignon, Muhammad Hamidullah et sa traduction française du Coran », dans la revue Islamochristiana (PISAI, Rome, n° 35, 2009, p. 31-49).
Télécharger l’article « Louis Massignon, Muhammad Hamidullah et sa traduction française du Coran »
L’« élève » Muhammad Hamidullah venait de réussir en 1932 un doctorat sur « Les principes de neutralité dans le droit international musulman » et allait passer un deuxième doctorat en 1936 sur « La diplomatie musulmane à l’époque du Prophète des khalifes orthodoxes ». Louis Massignon avait fait partie du jury de thèse de Hamidullah. Et c’est en s’adressant à lui en tant que « cher et honoré maître » que Hamidullah lui fait part de ses recherches et de ses projets d’ouvrages tout au long de leurs quelque 30 années de correspondance.
Louis Massignon avait honoré la traduction du Coran que Hamidullah a publiée en 1959 d’une préface, que l’on ne trouve, d’ailleurs, que dans la 1re édition, nous apprend le P. Maurice Borrmans. La correspondance entre les deux hommes s’achève en 1962, année de disparition de Louis Massignon.
Louis Massignon avait honoré la traduction du Coran que Hamidullah a publiée en 1959 d’une préface, que l’on ne trouve, d’ailleurs, que dans la 1re édition, nous apprend le P. Maurice Borrmans. La correspondance entre les deux hommes s’achève en 1962, année de disparition de Louis Massignon.
Une interprétation du Coran, richement annotée de références à la Bible
« Je n’ai pas connu personnellement le Pr Muhammad Hamidullah mais je l’ai découvert à travers les lettres qu’il avait adressées à son maitre et professeur Louis Massignon. J’ai publié ces lettres-là pour ensuite d’autant mieux présenter la traduction française qu’il a faite du Coran avec l’aide de Michel Léturmy en son temps », nous explique le P. Maurice Borrmans lors d’une interview accordée en mai 2016, en marge d’un colloque sur l’interreligieux à la Grande Mosquée de Lyon.
Couverture reliée et page de garde de la traduction du Coran de Muhammad Hamidullah, préfacée par Louis Massignon.
« C’est une référence que j’utilise très souvent dans mes conférences parce que cette traduction du Pr Hamidullah est la première qui a été faite par un musulman en français et comme lui était d’origine indienne, avec des amitiés pakistanaises, j’ai d’autant plus préféré me référer à sa traduction parce que toute traduction est une interprétation. Donc j’ai l’interprétation de Hamidullah du Coran et c’est très important pour moi », nous confie-t-il.
« Ce que j’ai trouvé intéressant dans la traduction du Pr Hamidullah, c’est que, très souvent en notes, il donne des références à la Bible », fait remarquer le P. Borrmans. « Ce qui veut dire que la Bible n’était pas pour lui étrangère et Hamidullah considérait la Bible comme un livre authentique auquel il se référait volontiers. Et c’est très rare de voir un traducteur musulman du Coran mettre en notes des références à la Bible de la tradition judéo-chrétienne. »
« Ce que j’ai trouvé intéressant dans la traduction du Pr Hamidullah, c’est que, très souvent en notes, il donne des références à la Bible », fait remarquer le P. Borrmans. « Ce qui veut dire que la Bible n’était pas pour lui étrangère et Hamidullah considérait la Bible comme un livre authentique auquel il se référait volontiers. Et c’est très rare de voir un traducteur musulman du Coran mettre en notes des références à la Bible de la tradition judéo-chrétienne. »
Lire en ligne Le Saint Coran, traduction de Muhammad Hamidullah (avec Michel Léturmy), préface de Louis Massignon (Club français du livre, 1959)
Une amitié profonde, intellectuelle et spirituelle entre deux grands hommes
Dans son article paru dans Islamochristiana, Maurice Borrmans établit un comparatif entre la 1re traduction du Coran de Hamidullah et la 15e édition, relevant les corrections apportées au fur et à mesure des éditions. Il relève également les néologismes créés par le traducteur Hamidullah, montrant, par cette analyse critique, sa parfaite maitrise de la langue arabe et sa connaissance approfondie des deux monothéismes. Maurice Borrmans note ainsi chez Hamidullah « le grand mérite du traducteur (…) d’avoir tenu compte de la culture chrétienne du lecteur, renvoyant souvent aux passages de la Bible dont il perçoit quelque écho dans le Coran : c’est constamment qu’il confie aux notes les références suggérées par ces parallélismes entre les deux textes sacrés ».
Que témoigne cette longue correspondance entre Muhammad Hamidullah et Louis Massignon que Maurice Borrmans a pu mettre au jour ? Ce sont « deux grandes personnalités qui se sont rencontrées à travers et pour la traduction du Coran et c’est pour cela que Louis Massignon a donné une préface à la traduction du Coran. Maintenant, je ne sais pas si Massignon a eu le temps de lire toute la traduction ! (rires) », s’exclame Maurice Borrmans. Surtout, « c’est le témoignage d’une amitié profonde, intellectuelle et spirituelle, entre un chrétien convaincu et un musulman convaincu ».
Que témoigne cette longue correspondance entre Muhammad Hamidullah et Louis Massignon que Maurice Borrmans a pu mettre au jour ? Ce sont « deux grandes personnalités qui se sont rencontrées à travers et pour la traduction du Coran et c’est pour cela que Louis Massignon a donné une préface à la traduction du Coran. Maintenant, je ne sais pas si Massignon a eu le temps de lire toute la traduction ! (rires) », s’exclame Maurice Borrmans. Surtout, « c’est le témoignage d’une amitié profonde, intellectuelle et spirituelle, entre un chrétien convaincu et un musulman convaincu ».