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Monde

En Inde, les musulmans vent debout contre une loi modifiant la gestion des biens sous waqf

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 7 Avril 2025

           

Les minorités musulmanes d'Inde, sous pression constante des ultranationalistes hindous au pouvoir, dénoncent une mesure gouvernementale qui, fraîchement adoptée, porte atteinte à leurs droits.



En Inde, les musulmans vent debout contre une loi modifiant la gestion des biens sous waqf
Les organisations musulmanes d'Inde sont vent debout contre un projet de loi adopté vendredi 4 avril par le Parlement et portant modification de la législation sur la gestion des biens donnés sous le régime du waqf.

A travers cette mesure controversée portée par le Premier ministre Narendra Modi et le Bharatiya Janata Party (BJP), le gouvernement entend renforcer la surveillance des minorités musulmanes en permettant aux non-musulmans de siéger dans les conseils d'administration des fondations gérant les waqf au nom de la lutte contre la corruption et pour la transparence. La promotion de la diversité a même été brandie comme un argument, alors même qu'il est question d'une gestion particulière de biens religieux et communautaires.

Le BJP, qui a perdu la majorité aux dernières élections en 2024, a su rallier plusieurs partis autour de son projet de loi. Il concerne 872 000 biens parmi lesquels des mosquées, des écoles, des cimetières ou encore des orphelinats et des commerces. La valeur de ces biens est estimée à environ 14,2 milliards de dollars.

Cette législation porte atteinte au droit de propriété des musulmans, déplorent leurs entités représentatives qui craignent plus que jamais la confiscation de mosquées et centres religieux historiques au profit de mouvements ultranationalistes hindous. Ces derniers cherchent depuis des années à s'emparer de plusieurs lieux de culte musulmans à travers le pays en arguant notamment qu'ils sont bâties sur d'anciens temples ou sites sacrés hindous.

Plusieurs organisations ont aussi dénoncé une législation discriminatoire, qui attend désormais d'être promulguée par le président. La dernière en date, le très influent All India Muslim Personal Law Board (AIMPLB), a annoncé, samedi 5 avril, un bras de fer judiciaire pour faire abroger une loi « injuste » et entend, à cette fin, « mener un mouvement national en coordination avec toutes les organisations religieuses, communautaires et sociales » pour dire non à une violation d'un droit constitutionnel.

« Le Conseil ne se contentera pas de recourir à la voie légale pour contester ces amendements discriminatoires et injustes devant la Cour suprême, il utilisera également tous les moyens démocratiques et pacifiques de protestation comme les manifestations, les protestations symboliques telles que le port de brassards noirs, les tables rondes avec des concitoyens et les conférences de presse », signifie-t-il dans un communiqué.

Des premières manifestations ont d'ores et déjà été organisées ce weekend à travers le pays. Elles ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes. La Cour suprême a également été saisie sans attendre afin qu'elle examine la validité constitutionnelle de la mesure.

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