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Points de vue

Les nouvelles Barbies de la République

Rédigé par Marfouk Khadija | Mardi 6 Janvier 2004 à 00:00

           

A entendre les médias et les discours de certains politiciens, d’intellectuels et de responsables musulmans, on croirait que les femmes françaises de confession musulmane sont devenues les « Barbies » de la République. Tantôt les vêtir…tantôt les dévêtir.
En effet « l’affaire du foulard » a le mérite de dévoiler l’hypocrisie incroyable de certains hommes politiques, d’intellectuels et de responsables musulmans. Les politiciens, faute de pouvoir répondre aux vrais problèmes socio-économiques qui traversent toute la société, ont fait de quelques cas de foulard à l’école « une cause nationale ». Ainsi le jeu « Barbie » a commencé!



A entendre les médias et les discours de certains politiciens, d’intellectuels et de responsables musulmans, on croirait que les femmes françaises de confession musulmane sont devenues les « Barbies » de la République. Tantôt les vêtir…tantôt les dévêtir. En effet « l’affaire du foulard » a le mérite de dévoiler l’hypocrisie incroyable de certains hommes politiques, d’intellectuels et de responsables musulmans. Les politiciens, faute de pouvoir répondre aux vrais problèmes socio-économiques qui traversent toute la société, ont fait de quelques cas de foulard à l’école « une cause nationale ». Ainsi le jeu « Barbie » a commencé!

Dans un climat de peur et de méfiance, avec un tam-tam médiatique majeur, les politiciens légitiment le jeu en le mettant entre les mains des « sages » de la commission Stasi. Six mois de débats, fructueux sur bien des points, mais qui, sur le sujet du foulard, n’ont abouti qu’à ce que les médias et les politiciens avaient déjà décidé : « Il faut une loi pour protéger Barbie. » La journée de prise de décision a été dure et particulièrement longue à la commission, nous dit-on. Les trois membres, qui n’étaient pas d’accord avec les autres, avaient toute la journée pour changer d’avis. Nouvelle ère d’une nouvelle démocratie ? Sous la pression de la majorité, invoquant l’égalité des sexes et la montée de l’intégrisme, seul un « sage » a pu résister jusqu’à la fin de la journée. Etait-il le seul à se douter qu’il s’agit bien d’un être humain qui n’a quasiment pas été entendu et non d’une « Barbie » ? ! ! ! Peu importe, le jeu est alors entre les mains du Président de la République.

Le verdict est annoncé, le Président décide, au nom de « la laïcité non négociable », qu’il faut une nouvelle loi. Dans l’Assemblée Nationale composée d’hommes à 90%, elle sera votée, ainsi « Barbie » sera libérée.

Les « représentants » médiatiques et institutionnels des musulmans se mobilisent, soucieux de leur image, assoiffés de reconnaissance pour asseoir leur pouvoir politique. Ils assurent : « Barbie est une bonne citoyenne, elle ne peut être hors la loi». Ces « représentants » nous disent négocier avec le gouvernement pour ôter le foulard aux « Barbies » dans la douceur. Après de longues années de prêche vantant les mérites du foulard, au risque, parfois, d’introduire dans certains esprits la crainte de l’enfer pour la femme qui laisse apparaître un de ses cheveux, les voilà invoquant « la daroura »[1] et demandant aux respectables savants de l’Islam une fatwa[2]… Ils ne peuvent laisser « Barbie » dans le désarroi.

Dimanche 21 décembre, contre l’avis des supposés « maîtres », et en laissant de côté toutes les étiquettes politiques et associatives, une manifestation spontanée s’organise. « Quoi ? Les Barbies prennent les rênes d’une manif ? », « Vous n’avez jamais organisé de manif et vous ne saurez le faire »,  « Vous êtes devenues folles ! Et si on brûle le drapeau de la France ! Et s’il n’y a que des femmes avec le foulard ! Et si… » Ainsi ont répondu les organisations musulmanes contactées. Envahis par la peur des citoyens qu’ils prétendent encadrer, elles ont préféré le silence, de crainte que leurs « frères » et leurs « sœurs » leur fassent honte dans la rue.

Vous vous êtes trompés, chers messieurs, ce sont bel et bien des citoyennes musulmanes qui ont organisé cette manifestation. Il faut le dire et le répéter aux machos « musulmans », devant les médias : « Ni soumise, ni Barbie », la femme musulmane est avant tout une citoyenne française qui s’est battue et qui se battra contre les lois discriminatoires et les fatwas abusives, pour avoir sa liberté de choix.

Avec foulard ou sans foulard, la femme française ne peut être prise en otage politico-religieux. C’est aux consciences libres de le dire haut et fort. C’est à elle de briser le silence de la peur, pour qu’à la prochaine rentrée scolaire, une « Barbie » au foulard ne vienne s’ajouter aux autres « Barbies » sans foulard, décorant ainsi la cuisine, entre l’aspirateur et la poussette de l’univers rose offert aux fillettes de la République, au nom de l’égalité des sexes.

 


[1]La daroura : Cas de nécessité majeure.

[2]Une fatwa : Sentence délivrée par le jurisconsulte.





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