Lilian Thuram lors de la soirée de lancement de son livre "Manifeste pour l'égalité"
« C’est en arrivant en région parisienne que je suis devenu noir. » Pour le petit Lilian Thuram, arrivé à 9 ans des Antilles, ce fut le choc. « Ce sont mes camarades de classe et de jeux qui ont été les premiers à me définir comme tel. (…) C’est avec eux, en effet, que j’ai découvert que la couleur de ma peau pouvait susciter des réflexions et engendrer des surnoms douloureux », parmi lesquels « Noiraude, du nom de la vache noire d’un dessin animé qui passait alors à la télévision et dont les bêtises et la stupidité tranchaient avec la droiture et l’intelligence de sa consœur blanche. »*
Depuis Lilian est devenu grand et est devenu une des stars françaises du football les plus prolifiques de sa génération. Fort de ses 142 sélections, d’un titre de champion du monde en 1998 et d’Europe en 2000, il aurait très bien pu tomber dans « l’anonymat » comme plusieurs de ses camarades de jeu après sa retraite sportive en 2008. Sa vie, il a décidé de l’occuper autrement que par le foot en faisant du combat pour l’égalité le moteur de son engagement avec la création de sa fondation vouée à l’éducation contre le racisme.
Depuis, il a reçu le prix Seligmann contre le racisme pour son livre Mes étoiles noires, paru en 2010, et est actuellement le commissaire de l’exposition « Exhibitions : l’invention du sauvage » au Musée du quai Branly. C’est dans la continuité de son travail et de ses activités qu’il s’est naturellement engagé dans l’écriture du Manifeste pour l’égalité aux éditions Autrement.
Depuis Lilian est devenu grand et est devenu une des stars françaises du football les plus prolifiques de sa génération. Fort de ses 142 sélections, d’un titre de champion du monde en 1998 et d’Europe en 2000, il aurait très bien pu tomber dans « l’anonymat » comme plusieurs de ses camarades de jeu après sa retraite sportive en 2008. Sa vie, il a décidé de l’occuper autrement que par le foot en faisant du combat pour l’égalité le moteur de son engagement avec la création de sa fondation vouée à l’éducation contre le racisme.
Depuis, il a reçu le prix Seligmann contre le racisme pour son livre Mes étoiles noires, paru en 2010, et est actuellement le commissaire de l’exposition « Exhibitions : l’invention du sauvage » au Musée du quai Branly. C’est dans la continuité de son travail et de ses activités qu’il s’est naturellement engagé dans l’écriture du Manifeste pour l’égalité aux éditions Autrement.
Manifeste pour l'égalité
Se libérer de nos conditionnements, une étape nécessaire
L’occasion de raconter à nouveau son histoire car « notre identité se construit sur notre histoire familiale. Nous sommes tous conditionnés depuis notre enfance à être ce que nous sommes. Nous devons nous questionner et nous libérer de ce conditionnement car nous vivons tous sur une même terre. Il nous faut avoir cette intelligence de questionner nos conditionnements pour pouvoir construire et se projeter dans une société meilleure », nous déclare Lilian Thuram lors de la soirée de lancement de son livre le 7 mars à Paris.
Mais l’ouvrage est résolument plus qu’une simple autobiographie. Le footballer a su réunir autour de lui une vingtaine de contributeurs parmi lesquels l’anthropologue Françoise Héritier, l’historienne Françoise Vergès, l’historien des religions Odon Vallet, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Pascal Boniface ou encore Doudou Diène, ancien rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, afin que puisse être donné aux lecteurs les clés de compréhension sur la construction du racisme dans nos sociétés et mieux déconstruire les préjugés qui minent la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
Mais l’ouvrage est résolument plus qu’une simple autobiographie. Le footballer a su réunir autour de lui une vingtaine de contributeurs parmi lesquels l’anthropologue Françoise Héritier, l’historienne Françoise Vergès, l’historien des religions Odon Vallet, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Pascal Boniface ou encore Doudou Diène, ancien rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, afin que puisse être donné aux lecteurs les clés de compréhension sur la construction du racisme dans nos sociétés et mieux déconstruire les préjugés qui minent la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
L’éducation, un enjeu majeur pour lutter contre le racisme
Si « toutes les inégalités se touchent » aux yeux du footballer, la plus importante est encore l’inégalité des sexes : « Le sexisme est la matrice de toutes les inégalités, la plus ancienne. En acceptant celle-ci, il est plus facile alors d’accepter les inégalités liées à la couleur de peau, aux origines, aux religions, ou l’homophobie. »
La mise en œuvre d’une politique éducative est bien au centre de ses préoccupations et de son combat. « Nous devons apprendre aux enfants la capacité de décentrement pour qu’ils sachent s’ouvrir au monde », « dépasser les barrières » des incompréhensions entre les Hommes et « leur donner une arme intellectuelle afin qu’ils ne tombent ni dans les pièges du racisme ni ne les reproduisent », explique-t-il.
Pas évident. La faute aux politiques ? « Ce qui crée le clivage est le discours politique et nous sommes au cœur de cette construction intellectuelle et politique du racisme qui favorise doucement les stigmatisations » dont « les musulmans sont aujourd’hui victimes ». Réagissant à la proposition de François Bayrou portant sur la création d’un ministère de l’Egalité pour lutter contre les discriminations, Lilian Thuram affirme qu’il est nul besoin d’en créer un. « Cette pensée doit être déterminante pour chaque gouvernement et chaque acte doit être porteur des trois piliers de la société » que sont « liberté, égalité, fraternité », précise-t-il.
Homme de convictions, Lilian Thuram appelle les jeunes à « se présenter comme Français et à aller voter pour participer au débat politique ». Mais il ne donnera aucun consigne de vote. L'heure du choix approche : libre à chacun de voter pour celui ou celle qu'il croit le mieux incarner les valeurs de l'égalité.
La mise en œuvre d’une politique éducative est bien au centre de ses préoccupations et de son combat. « Nous devons apprendre aux enfants la capacité de décentrement pour qu’ils sachent s’ouvrir au monde », « dépasser les barrières » des incompréhensions entre les Hommes et « leur donner une arme intellectuelle afin qu’ils ne tombent ni dans les pièges du racisme ni ne les reproduisent », explique-t-il.
Pas évident. La faute aux politiques ? « Ce qui crée le clivage est le discours politique et nous sommes au cœur de cette construction intellectuelle et politique du racisme qui favorise doucement les stigmatisations » dont « les musulmans sont aujourd’hui victimes ». Réagissant à la proposition de François Bayrou portant sur la création d’un ministère de l’Egalité pour lutter contre les discriminations, Lilian Thuram affirme qu’il est nul besoin d’en créer un. « Cette pensée doit être déterminante pour chaque gouvernement et chaque acte doit être porteur des trois piliers de la société » que sont « liberté, égalité, fraternité », précise-t-il.
Homme de convictions, Lilian Thuram appelle les jeunes à « se présenter comme Français et à aller voter pour participer au débat politique ». Mais il ne donnera aucun consigne de vote. L'heure du choix approche : libre à chacun de voter pour celui ou celle qu'il croit le mieux incarner les valeurs de l'égalité.
* Manifeste pour l’égalité, de Lilian Thuram, Editions Autrement, 175 p., 15€
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