L'avis de Saphirnews
François-Xavier nous propose un carnet de voyage original sur le Mali, pays d’Afrique de l’Ouest qu’il arpente depuis plus d’une dizaine d’années en tant que grand reporter. Mali, Au-delà du jihad mêle analyses politiques, anecdotes croustillantes sur les personnalités maliennes majeures et descriptions de paysages.
L’ancien correspondant de RFI nous rapporte ses rencontres avec les artistes Oumou Sangaré et Salif Keita, les présidents Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keita ou encore avec des rebelles touaregs. Une lecture plaisante et éclairante sur la situation du Mali, dont le traitement dans la presse française reste encore très réducteur et insuffisant.
L’ancien correspondant de RFI nous rapporte ses rencontres avec les artistes Oumou Sangaré et Salif Keita, les présidents Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keita ou encore avec des rebelles touaregs. Une lecture plaisante et éclairante sur la situation du Mali, dont le traitement dans la presse française reste encore très réducteur et insuffisant.
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur
Avec la reprise de la rébellion touarègue au nord en 2007, le coup d’État de 2012 et la guerre contre le jihadisme, l’auteur s’est trouvé embarqué dans l’histoire au temps présent du pays. Son récit aborde les enjeux complexes d’un conflit où se croisent derniers hommes bleus, éleveurs peuls, griots et chasseurs mandingues, guérisseurs, musiciens, hommes politiques, petits bandits à la solde des terroristes, soldats français de Barkhane ou casques bleus, instructeurs militaires américains, informateurs du service secret, jihadistes, imams salafistes, corrompus de tout genre, diplomates polis ou journalistes aux bons sentiments.
Nourri de paysages, de rencontres et entretiens exclusifs, c’est un récit personnel palpitant que livre ici François-Xavier Freland, porté par une quête : comprendre les racines du mal qui ronge ce pays, au plus près de sa brûlante actualité.
Nourri de paysages, de rencontres et entretiens exclusifs, c’est un récit personnel palpitant que livre ici François-Xavier Freland, porté par une quête : comprendre les racines du mal qui ronge ce pays, au plus près de sa brûlante actualité.
L’auteur
François-Xavier Freland est grand reporter indépendant. Il couvre essentiellement l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique latine. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Qui veut la peau d’Hugo Chávez ? (Cherche-Midi, 2012), Saisir l’immatériel (Unesco, 2009), Sarava ! (Naïve Livres, 2005), L’Africaine blanche (Autrement, 2004) et Générations Beurs (avec N. Barsali et A.-M. Vincent, Autrement, 2003)
Extrait de l’ouvrage
La fin de l’année 2007 est une période charnière entre cet ancien Mali paisible qui règle encore les petits problèmes à coups de blagues de cousinage (le sinankuya) et parfois de billets sous le tapis, et celui qui se profile, moins festif, plus calculateur, globalisé. Au mois de décembre, les événements s’accélèrent. Les attaques se rapprochent cette fois de Bamako, laissant alors craindre une extension du conflit touareg dans tout le pays, voire un déferlement rebelle sur Bamako. L’une des attaques à lieu dans la région de Nampala, à 500 kilomètres seulement de la capitale.
(…) La désinvolture qui règne au palais présidentiel de Koulouba face à dégradation de la situation militaire dans le Nord est inquiétante. La situation semble dépasser l’ancien stratège militaire, le général Amadou Toumani Touré (ATT) en personne qi donne l’impression de vouloir se détourner d’une situation qu’il a peut-être laissé lui-même se dégrader. Il continue de gérer le pays comme si de rien n’était. ATT fait des tournées à l’étranger, reçoit des chefs d’Etat à Bamako, coupe des rubans, inaugure des routes ou des ponts. Il accueille en grande pompe son ami de toujours, le désormais ex-président Jacques Chirac, ce bienfaiteur de l’Afrique, féru d’art premier, amateur de masques et de fétiches. Il l’emmène en hélicoptère visiter le pays Dogon. Le Mali semble fonctionner normalement, malgré la blessure qui ne cicatrise pas au nord.
(…) La désinvolture qui règne au palais présidentiel de Koulouba face à dégradation de la situation militaire dans le Nord est inquiétante. La situation semble dépasser l’ancien stratège militaire, le général Amadou Toumani Touré (ATT) en personne qi donne l’impression de vouloir se détourner d’une situation qu’il a peut-être laissé lui-même se dégrader. Il continue de gérer le pays comme si de rien n’était. ATT fait des tournées à l’étranger, reçoit des chefs d’Etat à Bamako, coupe des rubans, inaugure des routes ou des ponts. Il accueille en grande pompe son ami de toujours, le désormais ex-président Jacques Chirac, ce bienfaiteur de l’Afrique, féru d’art premier, amateur de masques et de fétiches. Il l’emmène en hélicoptère visiter le pays Dogon. Le Mali semble fonctionner normalement, malgré la blessure qui ne cicatrise pas au nord.
Mais la tempête est proche, à l’image des articles ouvertement racistes dans la presse de Bamako à l’égard des Touaregs. Les actes de violences se multiplier gratuitement, dans la capitale malienne. Des manifestations encore peu suivies s’y succèdent, invitant les autorités à réagir contre « ces bandits armés » accusés de trafic de drogue et d’esclaves. Mais en réponse, les défaites de l’armée malienne s’enchaînent, toutes plus humiliantes les unes que les autres.
Le nord du pays donne l’impression de craquer littéralement face aux coups du boutoir de ces rebelles touaregs, certes peu nombreux mais extrêmement efficaces. La plupart ne sont d’ailleurs pas des guerriers novices, ils ont combattu aux côtés des soldats de Kadhafi lors de ses différentes tentatives de conquêtes, au Tchad notamment. En échange, le régime de Tripoli leur a fourni des armes, dit-in. Etrange pas de danse de la part du guide libyen, qui finance la plupart des grands projets d’infrastructures maliens et défile en limousine à Bamako acclamé par les badauds, alors qu’en sous-marin, il armerait la rébellion touarègue pour garder le contrôle sur une région très prometteuse, paraît-il, en richesses naturelles.
Vu de Bamako, le Mali est au cœur de calculs diplomatiques secrets, où chacun semble vouloir tirer son épingle du jeu, la France en premier lieu. Dans l’imaginaire malien du Sud, nourri d’orgueil et de frustrations, le Touareg, c’est le Français déguisé en autochtone. L’ancienne puissance coloniale est soupçonnée de soutenir le projet indépendantiste du Nord pour affaible la souveraineté nationale malienne et retrouver sa grandeur d’antan, en s’emparant des hypothétiques gisements de pétrole et d’uranium. Les groupes terroristes profitent de ce climat anti-français et de cette dégradation de la situation sécuritaire au nord pour avancer leurs pions.
Le nord du pays donne l’impression de craquer littéralement face aux coups du boutoir de ces rebelles touaregs, certes peu nombreux mais extrêmement efficaces. La plupart ne sont d’ailleurs pas des guerriers novices, ils ont combattu aux côtés des soldats de Kadhafi lors de ses différentes tentatives de conquêtes, au Tchad notamment. En échange, le régime de Tripoli leur a fourni des armes, dit-in. Etrange pas de danse de la part du guide libyen, qui finance la plupart des grands projets d’infrastructures maliens et défile en limousine à Bamako acclamé par les badauds, alors qu’en sous-marin, il armerait la rébellion touarègue pour garder le contrôle sur une région très prometteuse, paraît-il, en richesses naturelles.
Vu de Bamako, le Mali est au cœur de calculs diplomatiques secrets, où chacun semble vouloir tirer son épingle du jeu, la France en premier lieu. Dans l’imaginaire malien du Sud, nourri d’orgueil et de frustrations, le Touareg, c’est le Français déguisé en autochtone. L’ancienne puissance coloniale est soupçonnée de soutenir le projet indépendantiste du Nord pour affaible la souveraineté nationale malienne et retrouver sa grandeur d’antan, en s’emparant des hypothétiques gisements de pétrole et d’uranium. Les groupes terroristes profitent de ce climat anti-français et de cette dégradation de la situation sécuritaire au nord pour avancer leurs pions.
François-Xavier Freland, Mali, Au-delà du jihad, Editions Anamosa, octobre 2017, 424 p., 25 €.