Le mois de Ramadan a toujours été synonyme de générosité. Ici, une distribution de colis alimentaires au Liban réalisée par le Secours islamique France. Chaque colis pèse 25 kg et permet à une famille d’au moins 5 personnes de rompre le jeûne dignement pendant 15 jours. (Photo : © SIF)
Si la solidarité est une valeur fondamentale et commune à toutes les religions, la particularité de l’islam, c’est qu’il s’agit d’une obligation, instituant « le droit du pauvre ». Ainsi, avant la fin du mois de Ramadan, les musulmans doivent obligatoirement s’acquitter de la zakât al-Fitr.
Pour les associations et ONG musulmanes, le Ramadan constitue donc une période cruciale pour sensibiliser leurs donateurs. Pour cela, des campagnes de communication spéciales sont menées, d’autant que la zakât peut, selon certains savants religieux, être donnée dès le premier jour de jeûne.
« Le Ramadan est la période la plus importante en termes de collecte, elle permet de rassembler des dons pour les projets du mois, d’acheter les colis alimentaires par exemple, mais également pour tous les projets exécutés durant le reste de l’année. Globalement, près de 25 % de la collecte annuelle se fait pendant le Ramadan », résume Imed El Qouqi, responsable marketing adjoint au Secours islamique France (SIF). En 2014, le SIF a pu redistribuer l’équivalent de plus de 4 millions d’euros représentant les deux zakât (zakât al-maal et zakât al-Fitr). Les dons globaux pour la même année sont estimés à 23 millions d’euros.
Pour les associations et ONG musulmanes, le Ramadan constitue donc une période cruciale pour sensibiliser leurs donateurs. Pour cela, des campagnes de communication spéciales sont menées, d’autant que la zakât peut, selon certains savants religieux, être donnée dès le premier jour de jeûne.
« Le Ramadan est la période la plus importante en termes de collecte, elle permet de rassembler des dons pour les projets du mois, d’acheter les colis alimentaires par exemple, mais également pour tous les projets exécutés durant le reste de l’année. Globalement, près de 25 % de la collecte annuelle se fait pendant le Ramadan », résume Imed El Qouqi, responsable marketing adjoint au Secours islamique France (SIF). En 2014, le SIF a pu redistribuer l’équivalent de plus de 4 millions d’euros représentant les deux zakât (zakât al-maal et zakât al-Fitr). Les dons globaux pour la même année sont estimés à 23 millions d’euros.
Des dons en nature
La plupart des musulmans réservent souvent leur don à un proche. « J’ai encore beaucoup des membres de ma famille dans le besoin au Maroc, c’est à eux que je pense en priorité », explique Abderrahmane, retraité et père de huit enfants, pour qui la proximité est le premier critère.
Mais qui dit solidarité locale ne dit pas forcément cercle familial. Il s’agit également de penser à des voisins, à des collègues, à des sans-abri de son quartier… Des personnes bien identifiées comme traversant une mauvaise passe.
Pour la 6e année consécutive, le SIF organise ainsi les Tables du Ramadan, un immense chapiteau implanté à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où sont cuisinés chaque jour plus de 700 repas et qui accueille plus de 20 000 bénéficiaires. De leur côté, de plus en plus d’associations de quartier s’activent, elles aussi, organisant des aides alimentaires ou des offres de repas pour rompre le jeûne. Si certaines, très connues, comme Chorba pour tous, à Paris, sont rodées à l’exercice, de jeunes structures comme Autour de la foi, à Amiens (Picardie), parviennent à offrir un iftar (repas de rupture du jeûne) chaque soir : « Pour nous aider à organiser cette action, il suffit de faire un don. La somme de 2 € au minimum équivaut à un repas », explique Karim Elghachi, président de l’association, qui convie chaque soir 30 personnes.
Les structures locales sont aussi preneuses de produits de première nécessité : riz, pâtes, farine, semoule... Les bénévoles de l’association Des maraudes et des ailes, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), peuvent ainsi confectionner des colis alimentaires à destination des sans-abri et, plus récemment, pour les migrants, souvent africains, venus chercher refuge dans la capitale. Des dons en nature de plus en plus courants car perçus comme étant plus proches de la zakât authentique telle qu’elle fut préconisée au temps du Prophète.
Mais qui dit solidarité locale ne dit pas forcément cercle familial. Il s’agit également de penser à des voisins, à des collègues, à des sans-abri de son quartier… Des personnes bien identifiées comme traversant une mauvaise passe.
Pour la 6e année consécutive, le SIF organise ainsi les Tables du Ramadan, un immense chapiteau implanté à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où sont cuisinés chaque jour plus de 700 repas et qui accueille plus de 20 000 bénéficiaires. De leur côté, de plus en plus d’associations de quartier s’activent, elles aussi, organisant des aides alimentaires ou des offres de repas pour rompre le jeûne. Si certaines, très connues, comme Chorba pour tous, à Paris, sont rodées à l’exercice, de jeunes structures comme Autour de la foi, à Amiens (Picardie), parviennent à offrir un iftar (repas de rupture du jeûne) chaque soir : « Pour nous aider à organiser cette action, il suffit de faire un don. La somme de 2 € au minimum équivaut à un repas », explique Karim Elghachi, président de l’association, qui convie chaque soir 30 personnes.
Les structures locales sont aussi preneuses de produits de première nécessité : riz, pâtes, farine, semoule... Les bénévoles de l’association Des maraudes et des ailes, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), peuvent ainsi confectionner des colis alimentaires à destination des sans-abri et, plus récemment, pour les migrants, souvent africains, venus chercher refuge dans la capitale. Des dons en nature de plus en plus courants car perçus comme étant plus proches de la zakât authentique telle qu’elle fut préconisée au temps du Prophète.
De plus en plus de cash
Mais, concrètement, cela n’arrange pas forcément les ONG qui ont avant tout besoin de cash. Si, pour les Tables du Ramadan, les dons en nature sont les bienvenus (équivalent de 15 tonnes de produits reçus), le SIF opte pour la pédagogie et la transparence quant aux dons destinés à l’étranger. « On explique qu’envoyer des dons en nature à l’international, et même en France, est très compliqué et, au final, contre-productif pour des raisons de transport, d’habitudes de consommation au niveau local, etc. Cela engendre également plus de frais, avec des besoins non couverts de façon optimale », détaille Imed El Qouqi.
Pour s’épargner toute polémique, l’ONG évite le débat religieux. « On ne met volontairement pas l’accent sur les avis religieux qui divergent sur la question. Si la question nous est posée, on répond en expliquant que c’est l’intérêt du bénéficiaire qui prime. » Un pragmatisme assumé à l’attention des quelque 100 000 donateurs actifs du SIF comptabilisés en 2014.
Pour s’épargner toute polémique, l’ONG évite le débat religieux. « On ne met volontairement pas l’accent sur les avis religieux qui divergent sur la question. Si la question nous est posée, on répond en expliquant que c’est l’intérêt du bénéficiaire qui prime. » Un pragmatisme assumé à l’attention des quelque 100 000 donateurs actifs du SIF comptabilisés en 2014.
Gaza, cas exceptionnel
Pour les ONG, cette sensibilisation au besoin d’argent est primordiale en temps de guerre. Dans les moments de crise humanitaire, les musulmans peuvent se montrer rapidement très généreux.
Gaza étant sous blocus, impossible d’y acheminer des dons en nature. Le CBSP, qui fête cette année ses 25 ans, consacre 500 000 € à la campagne Ramadan. (Photo : © CBSP)
L’exemple le plus récent et le plus marquant fut l’offensive d’Israël sur Gaza ‒ qui avait fait plus de 2 000 morts, 10 000 blessés et 460 000 sans-abri ‒ en juillet et août 2014, en plein mois de Ramadan. « Nous avons récolté 200 000 € de plus sur la période de l’attaque à Gaza. Un élan de solidarité extraordinaire », se rappelle Youcef Benderbal, responsable communication du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP). Et de préciser que les dons annuels sont estimés à environ 500 000 €. Même bilan pour le SIF : « Gaza fut un cas exceptionnel, nous avons enregistré + 30 à 40 % de dons supplémentaires. »
Encore plus que pour les autres pays, aider la Palestine en dons en nature n’a aucun sens au vu de la situation géopolitique. « Il est impensable pour nous d’acheminer des colis compte tenu du double blocus sur Gaza, côté israélien et côté égyptien. Nous envoyons les sommes aux partenaires locaux qui savent mieux que nous à qui adresser les colis. C’est la meilleure façon de venir en aide aux familles », lance Youcef Benderbal.
Encore plus que pour les autres pays, aider la Palestine en dons en nature n’a aucun sens au vu de la situation géopolitique. « Il est impensable pour nous d’acheminer des colis compte tenu du double blocus sur Gaza, côté israélien et côté égyptien. Nous envoyons les sommes aux partenaires locaux qui savent mieux que nous à qui adresser les colis. C’est la meilleure façon de venir en aide aux familles », lance Youcef Benderbal.
Contribuer toute l’année
Comme tous les ans, l’ONG lance également une campagne de communication pour Ramadan en espérant rassembler la zakât al-Fitr dès le début du mois. Les pays en guerre comme la Syrie, l’Irak touchent particulièrement les donateurs, mais « la particularité de la Palestine, c’est qu’on donne toute l’année, pas seulement pour le Ramadan. La Palestine est dans le cœur des musulmans aussi pour des raisons religieuses », souligne Youssef Benderbal.
Ainsi l’ONG peut se permettre de lancer des opérations d’envergure comme « L’eau, c’est la vie », destinée à financer le dessalement de l’eau à destination de la région est de Gaza, où vivent 200 000 personnes. Coût estimé : 103 000 €. Le CBSP compte sur ses 60 000 donateurs réguliers.
Depuis quelques années, les ONG historiques et bien installées comme le SIF et le CBSP voient l’arrivée en France de nouvelles structures pour la plupart venues de Grande-Bretagne, et très axées sur la communication via les réseaux sociaux. De quoi séduire les nouvelles générations, qui, elles aussi, veulent donner leur quote-part à l’élan de solidarité.
***
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 53, juillet-août 2015.
Ainsi l’ONG peut se permettre de lancer des opérations d’envergure comme « L’eau, c’est la vie », destinée à financer le dessalement de l’eau à destination de la région est de Gaza, où vivent 200 000 personnes. Coût estimé : 103 000 €. Le CBSP compte sur ses 60 000 donateurs réguliers.
Depuis quelques années, les ONG historiques et bien installées comme le SIF et le CBSP voient l’arrivée en France de nouvelles structures pour la plupart venues de Grande-Bretagne, et très axées sur la communication via les réseaux sociaux. De quoi séduire les nouvelles générations, qui, elles aussi, veulent donner leur quote-part à l’élan de solidarité.
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Première parution de cet article dans Salamnews, n° 53, juillet-août 2015.