© Capture d’écran Al Jazeera
Emmanuel Macron a accordé une interview à la chaîne qatari Al Jazeera au cours de laquelle le chef de l’Etat a souhaité dissiper auprès d’une audience internationale les malentendus générés par ses propos sur les caricatures, à la source de fortes tensions entre la France et des pays musulmans.
Au cours de l’entretien diffusé samedi 31 octobre et qui a duré près d’une heure dans le palais de l'Elysée, le président français a déploré des « réactions très fortes » contre la France « sur la base de beaucoup de malentendus », en particulier s’agissant de la phrase « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent », prononcé lors de l’hommage national à Samuel Paty.
Au cours de l’entretien diffusé samedi 31 octobre et qui a duré près d’une heure dans le palais de l'Elysée, le président français a déploré des « réactions très fortes » contre la France « sur la base de beaucoup de malentendus », en particulier s’agissant de la phrase « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent », prononcé lors de l’hommage national à Samuel Paty.
A propos du droit de caricaturer
« On m'a fait dire : "Je soutiens les caricatures humiliant le Prophète". Je n'ai jamais dit ça, d'abord parce que ces caricatures, et c'est important pour tous les musulmans qui nous écoutent, touchent toutes les religions, toutes, il n'y a pas de caricatures spécialement contre une religion plutôt qu'une autre, et au-delà de ça tous les dirigeants », a-t-il déclaré, affirmant ne « pas accepter l'idée qu'il puisse y avoir une forme de stigmatisation »
Bien qu’il affirme comprendre et respecter les sentiments que les caricatures peuvent éveiller, « il ne m'appartient pas à moi, en tant que président de la République, d'amoindrir ce droit parce que certains sont choqués. C'est ça que je voudrais que vous compreniez parce qu'à ce moment-là, j'instaurerais dans mon pays une forme d'ordre moral ou d'ordre religieux », a-t-il poursuivi. « Ces dessins sont faits en France, ça n’est pas la loi de l’islam qui s’applique en France, c’est la loi du peuple français souverain. »
« Il y a deux choses que je ne peux pas accepter. La première, c'est la confusion qui a été entretenue par beaucoup de médias, parfois des dirigeants politiques et religieux, qui consisterait à dire que ces caricatures sont en quelque sorte le projet ou l'émanation du gouvernement français ou du président de la République. Non, moi, je suis là pour préserver ce droit et je le préserverai toujours. Mais il y a des gens qui l'exercent, c'est ainsi », a-t-il signifié.
« La deuxième, c'est qu'on puisse justifier de manière directe ou indirecte quelque violence au nom de cette réaction. Je ne suis pas spécialiste de théologie, mais je n'ai pas compris que l'islam légitimait ou soutenait le recours à quelque violence que ce soit ».
Bien qu’il affirme comprendre et respecter les sentiments que les caricatures peuvent éveiller, « il ne m'appartient pas à moi, en tant que président de la République, d'amoindrir ce droit parce que certains sont choqués. C'est ça que je voudrais que vous compreniez parce qu'à ce moment-là, j'instaurerais dans mon pays une forme d'ordre moral ou d'ordre religieux », a-t-il poursuivi. « Ces dessins sont faits en France, ça n’est pas la loi de l’islam qui s’applique en France, c’est la loi du peuple français souverain. »
« Il y a deux choses que je ne peux pas accepter. La première, c'est la confusion qui a été entretenue par beaucoup de médias, parfois des dirigeants politiques et religieux, qui consisterait à dire que ces caricatures sont en quelque sorte le projet ou l'émanation du gouvernement français ou du président de la République. Non, moi, je suis là pour préserver ce droit et je le préserverai toujours. Mais il y a des gens qui l'exercent, c'est ainsi », a-t-il signifié.
« La deuxième, c'est qu'on puisse justifier de manière directe ou indirecte quelque violence au nom de cette réaction. Je ne suis pas spécialiste de théologie, mais je n'ai pas compris que l'islam légitimait ou soutenait le recours à quelque violence que ce soit ».
Autour des appels au boycott et de ses relations avec la Turquie
Concernant la campagne de boycott contre les produits français, « elle est indigne et je la condamne ». « En France la presse est libre. Dans beaucoup de pays qui ont appelé au boycott, il n'y a plus de presse libre, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de possibilité de caricaturer mais pas seulement le prophète ou Dieu ou Moïse qui que ce soit, mais les dirigeants mêmes du pays », a-t-il lancé.
« Tous les dirigeants politiques et religieux qui ne condamnent pas avec la plus grande clarté toute forme de violence à l'égard de la France qui est un pays de liberté et de Lumières, prennent une responsabilité parfois directe, en tout cas indirecte certaine sur les violences qui seraient commises à l'égard des Français en France ou à l'étranger », a-t-il fait savoir avec fermeté, formulant un « message d'amitié et d'apaisement » mais aussi « d'appel à la responsabilité ».
Appelé à s’exprimer sur ses relations avec la Turquie, des plus dégradées aujourd’hui, il a appelé le président turc Recep Tayyip Erdogan à être « à la hauteur de l'histoire de son pays » et de cesser « les actes unilatéraux qu'il a conduits contre plusieurs Européens ».
« La Turquie est un grand peuple, c’est d’ailleurs un grand peuple de savoirs, de connaissances, d’ouverture avec lequel nous avons des liens universitaires, académiques, historiques », a-t-il commencé. Mais aujourd’hui, « la Turquie a des velléités impériales dans la région et je pense qu’elles ne sont pas une bonne chose pour la stabilité de la région ». Citant l’action de la Turquie en Syrie « pour combattre ceux qui étaient nos alliés d’hier », les Kurdes, ou encore en Libye. Emmanuel Macron a dénoncé le « comportement belliqueux » du président turc « avec les alliés de l'OTAN ».
« Tous les dirigeants politiques et religieux qui ne condamnent pas avec la plus grande clarté toute forme de violence à l'égard de la France qui est un pays de liberté et de Lumières, prennent une responsabilité parfois directe, en tout cas indirecte certaine sur les violences qui seraient commises à l'égard des Français en France ou à l'étranger », a-t-il fait savoir avec fermeté, formulant un « message d'amitié et d'apaisement » mais aussi « d'appel à la responsabilité ».
Appelé à s’exprimer sur ses relations avec la Turquie, des plus dégradées aujourd’hui, il a appelé le président turc Recep Tayyip Erdogan à être « à la hauteur de l'histoire de son pays » et de cesser « les actes unilatéraux qu'il a conduits contre plusieurs Européens ».
« La Turquie est un grand peuple, c’est d’ailleurs un grand peuple de savoirs, de connaissances, d’ouverture avec lequel nous avons des liens universitaires, académiques, historiques », a-t-il commencé. Mais aujourd’hui, « la Turquie a des velléités impériales dans la région et je pense qu’elles ne sont pas une bonne chose pour la stabilité de la région ». Citant l’action de la Turquie en Syrie « pour combattre ceux qui étaient nos alliés d’hier », les Kurdes, ou encore en Libye. Emmanuel Macron a dénoncé le « comportement belliqueux » du président turc « avec les alliés de l'OTAN ».
La lutte contre l’islamisme radical n’est « pas un combat contre l’islam »
Près d'un mois après son discours concentré sur la lutte contre le séparatisme islamiste, Emmanuel Macron a tenu à clarifier ce qu’il devait entendre par la lutte contre l’islamisme radical. Pour lui, il s’agit de combattre « les extrémistes violents qui détournent la religion et qui commettent des violences au sein de l'islam ».
« On a traduit ce combat que je menais comme étant un combat contre l'islam. Non, au contraire. La France est un pays où il y a plusieurs millions de nos concitoyens dont la religion est l'islam. Je ne vais pas les combattre. Ils sont pleinement citoyens, ils veulent vivre en paix. Et nous avons des pays amis partout dont la religion majoritaire est l'islam », a déclaré le chef de l'Etat.
Cependant, aujourd'hui à ses yeux, « au nom de l'islam et détournant cette religion, des extrémistes violents font le pire. Et ils ne sont pas terroristes. Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils déscolarisent des enfants, ils les endoctrinent et ils justifient la violence. Sur notre sol en France, ils agissent en connexion avec des groupes à l'étranger. Et donc ce à quoi nous nous sommes attelés depuis trois ans avec beaucoup de force, c'est justement d'essayer de réduire leur emprise pour protéger notre peuple et pour protéger, entre autres aussi, les Français de confession musulmane ».
« Ce qui nourrit la haine, c'est l'ignorance. Et les tyrans de ce monde entretiennent cela. Et donc l'arme la plus efficace contre les tyrans, contre ces extrémistes dans la durée, c'est la connaissance », a-t-il assuré. Dans le sens de son discours prononcé aux Mureaux, il s'est engagé à « investir dans la connaissance de nos civilisations, en créant des chaires dans les pays du Proche et Moyen-Orient et des pays arabes, à la fois sur évidemment la civilisation musulmane mais la civilisation européenne, les Lumières, la philosophie française et la culture française, de développer en France des chaires universitaires pour mieux connaître la civilisation musulmane. (…) Dans ce combat contre l'ignorance, j'aurai besoin de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur religion. »
« On a traduit ce combat que je menais comme étant un combat contre l'islam. Non, au contraire. La France est un pays où il y a plusieurs millions de nos concitoyens dont la religion est l'islam. Je ne vais pas les combattre. Ils sont pleinement citoyens, ils veulent vivre en paix. Et nous avons des pays amis partout dont la religion majoritaire est l'islam », a déclaré le chef de l'Etat.
Cependant, aujourd'hui à ses yeux, « au nom de l'islam et détournant cette religion, des extrémistes violents font le pire. Et ils ne sont pas terroristes. Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils déscolarisent des enfants, ils les endoctrinent et ils justifient la violence. Sur notre sol en France, ils agissent en connexion avec des groupes à l'étranger. Et donc ce à quoi nous nous sommes attelés depuis trois ans avec beaucoup de force, c'est justement d'essayer de réduire leur emprise pour protéger notre peuple et pour protéger, entre autres aussi, les Français de confession musulmane ».
« Ce qui nourrit la haine, c'est l'ignorance. Et les tyrans de ce monde entretiennent cela. Et donc l'arme la plus efficace contre les tyrans, contre ces extrémistes dans la durée, c'est la connaissance », a-t-il assuré. Dans le sens de son discours prononcé aux Mureaux, il s'est engagé à « investir dans la connaissance de nos civilisations, en créant des chaires dans les pays du Proche et Moyen-Orient et des pays arabes, à la fois sur évidemment la civilisation musulmane mais la civilisation européenne, les Lumières, la philosophie française et la culture française, de développer en France des chaires universitaires pour mieux connaître la civilisation musulmane. (…) Dans ce combat contre l'ignorance, j'aurai besoin de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur religion. »
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