La tolérance recule à l’égard de toutes les minorités, les actes racistes augmentent. Dans son rapport annuel rendu public jeudi 27 juin, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) dresse un état des lieux alarmant de la situation. L’institution relève la forte hausse des actes de haine en 2023 (+ 32 %), « dans un contexte de défiance vis-à-vis de l'Autre et de la diffusion d'un discours haineux dans certaines sphères politiques et médiatiques où la figure de l'immigré est rendue responsable des maux de la société ».
L’année 2023 a été particulièrement « impactée par les réactions à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre et aux opérations militaires d’Israël qui ont suivi » à Gaza mais elle a été aussi marquée, cite la CNCDH, par la polarisation des débats relatifs à la loi Asile et Immigration, les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, l’attentat à Arras ou encore les violences qui ont suivi la mort de Thomas à Crépol.
Le rapport note une explosion des actes antisémites (+ 284 %), très majoritairement après le 7 octobre. « Cette année, pour la première fois depuis 2005, c’est l’indice de tolérance relatif aux Juifs qui a le plus chuté en un an » par rapport aux Maghrébins, aux Noirs, aux musulmans et aux Roms. Toutefois, « la hiérarchie de l’acceptation perdure dans le temps : les groupes les mieux acceptés étant les Noirs et les Juifs, suivis des Maghrébins, puis des Musulmans. Et les groupes les plus rejetés étant les Roms et les Gens du voyage », signale la CNCDH.
« Malgré l’émergence d’un "nouvel antisémitisme", qui s’appuierait sur un antisionisme amalgamant et diabolisant "juifs", "israéliens" et "sionistes", les résultats du baromètre tendent à montrer que les opinions antisémites restent largement structurées par les vieux stéréotypes associant les Juifs au pouvoir et à l’argent », indique l’institution. « Il existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche » mais il est « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite » contre laquelle la CNCDH appelle clairement à faire barrage lors des élections (voir encadré).
L’année 2023 a été particulièrement « impactée par les réactions à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre et aux opérations militaires d’Israël qui ont suivi » à Gaza mais elle a été aussi marquée, cite la CNCDH, par la polarisation des débats relatifs à la loi Asile et Immigration, les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, l’attentat à Arras ou encore les violences qui ont suivi la mort de Thomas à Crépol.
Le rapport note une explosion des actes antisémites (+ 284 %), très majoritairement après le 7 octobre. « Cette année, pour la première fois depuis 2005, c’est l’indice de tolérance relatif aux Juifs qui a le plus chuté en un an » par rapport aux Maghrébins, aux Noirs, aux musulmans et aux Roms. Toutefois, « la hiérarchie de l’acceptation perdure dans le temps : les groupes les mieux acceptés étant les Noirs et les Juifs, suivis des Maghrébins, puis des Musulmans. Et les groupes les plus rejetés étant les Roms et les Gens du voyage », signale la CNCDH.
« Malgré l’émergence d’un "nouvel antisémitisme", qui s’appuierait sur un antisionisme amalgamant et diabolisant "juifs", "israéliens" et "sionistes", les résultats du baromètre tendent à montrer que les opinions antisémites restent largement structurées par les vieux stéréotypes associant les Juifs au pouvoir et à l’argent », indique l’institution. « Il existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche » mais il est « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite » contre laquelle la CNCDH appelle clairement à faire barrage lors des élections (voir encadré).
Sur le total de 3 139 faits racistes recensés en 2023, les actes antimusulmans représentent 8 %, les actes racistes et xénophobes 39 %, et les actes antisémites, 53 %. En 2023, 242 faits antimusulmans ont été enregistrés, soit une hausse de 29 % par rapport à 2022, « sans doute en lien avec l’impact international » des attaques du 7 octobre.
En parallèle, la CNCDH signale « une dégradation sensible de la perception de l’immigration » en France. D’une part, « une nette majorité de l’opinion rend les immigrés en partie responsables de la situation économique et sociale actuelle du pays, leur arrivée supposément massive étant jugée difficilement supportable pour le modèle social » ; d’autre part, nombreux sont ceux qui considèrent qu’ils sont « directement liés à l’insécurité ». La part des Français qui estiment que « les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français » recule de 5 points, à 52 %.
Aujourd’hui, « le racisme est souvent associé à un sentiment de culpabilité et s'entoure de justifications. La plus commune d'entre elles consiste à invoquer l'incapacité supposée des immigrés et des étrangers à se conformer aux normes et aux valeurs de la société d'accueil. Le racisme revêt ainsi une dimension culturelle et identitaire », note le rapport, qui déplore « une montée des crispations identitaires ».
Selon les enquêtes de victimation de l’INSEE, 1 million de personnes estiment avoir subi au cours de l’année au moins une atteinte raciste mais 96% d'entre elles ne portent pas plainte. « Le faible nombre des condamnations nourrit le sentiment d’impunité des auteurs, la défiance des minorités vis-à-vis des institutions comme leur sentiment d’insécurité », signale la CNCDH, pour qui « lutter contre l'impunité doit être une priorité absolue » du gouvernement.
En parallèle, la CNCDH signale « une dégradation sensible de la perception de l’immigration » en France. D’une part, « une nette majorité de l’opinion rend les immigrés en partie responsables de la situation économique et sociale actuelle du pays, leur arrivée supposément massive étant jugée difficilement supportable pour le modèle social » ; d’autre part, nombreux sont ceux qui considèrent qu’ils sont « directement liés à l’insécurité ». La part des Français qui estiment que « les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français » recule de 5 points, à 52 %.
Aujourd’hui, « le racisme est souvent associé à un sentiment de culpabilité et s'entoure de justifications. La plus commune d'entre elles consiste à invoquer l'incapacité supposée des immigrés et des étrangers à se conformer aux normes et aux valeurs de la société d'accueil. Le racisme revêt ainsi une dimension culturelle et identitaire », note le rapport, qui déplore « une montée des crispations identitaires ».
Selon les enquêtes de victimation de l’INSEE, 1 million de personnes estiment avoir subi au cours de l’année au moins une atteinte raciste mais 96% d'entre elles ne portent pas plainte. « Le faible nombre des condamnations nourrit le sentiment d’impunité des auteurs, la défiance des minorités vis-à-vis des institutions comme leur sentiment d’insécurité », signale la CNCDH, pour qui « lutter contre l'impunité doit être une priorité absolue » du gouvernement.
L’appel solennel de la CNCDH contre l’extrême droite
Aux lendemains des élections européennes du 9 juin, la CNCDH, présidée par Jean-Marie Burguburu, est sortie de sa réserve habituelle vis-à-vis du débat électoral en appelant à faire barrage aux candidats du Rassemblement national, de Reconquête et de leurs alliés lors des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
« Le programme des extrêmes droites, singulièrement celui du RN, s’oppose lui, de façon frontale, directe, à ces mêmes principes d’égalité, de fraternité et de liberté. La "préférence nationale", qui constitue le fil rouge de ses propositions, entre en contradiction totale tant avec les principes de notre Constitution qu’avec nos engagements internationaux », affirme l’institution. « La dynamique de ses projets - priver de droits une partie de la population, puis une autre, puis encore une autre - loin de "protéger les Français" n’aboutira qu’à nier les droits d’une grande part de la population vivant et travaillant en France. Les vieux démons du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie auront toute licence pour alimenter les haines, les rejets de la différence et les réflexes autoritaires et répressifs. »
« Une telle situation remettra évidemment en cause la place et l'image de la France dans le monde, ses responsabilités internationales et les liens historiques qu'elle a tissés en Europe. Elle compromettra gravement l’idéal démocratique, social et écologique de la République », poursuit-elle, avant d’appeler les électeurs à voter et « à mesurer la gravité exceptionnelle de leur choix au regard du respect impérieux en France des droits fondamentaux ».
Aux lendemains des élections européennes du 9 juin, la CNCDH, présidée par Jean-Marie Burguburu, est sortie de sa réserve habituelle vis-à-vis du débat électoral en appelant à faire barrage aux candidats du Rassemblement national, de Reconquête et de leurs alliés lors des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
« Le programme des extrêmes droites, singulièrement celui du RN, s’oppose lui, de façon frontale, directe, à ces mêmes principes d’égalité, de fraternité et de liberté. La "préférence nationale", qui constitue le fil rouge de ses propositions, entre en contradiction totale tant avec les principes de notre Constitution qu’avec nos engagements internationaux », affirme l’institution. « La dynamique de ses projets - priver de droits une partie de la population, puis une autre, puis encore une autre - loin de "protéger les Français" n’aboutira qu’à nier les droits d’une grande part de la population vivant et travaillant en France. Les vieux démons du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie auront toute licence pour alimenter les haines, les rejets de la différence et les réflexes autoritaires et répressifs. »
« Une telle situation remettra évidemment en cause la place et l'image de la France dans le monde, ses responsabilités internationales et les liens historiques qu'elle a tissés en Europe. Elle compromettra gravement l’idéal démocratique, social et écologique de la République », poursuit-elle, avant d’appeler les électeurs à voter et « à mesurer la gravité exceptionnelle de leur choix au regard du respect impérieux en France des droits fondamentaux ».