On estime qu’entre fidèles autochtones et immigrés, près de 15 millions de chrétiens vivent actuellement au Moyen-Orient. Dans certains pays (Irak, Syrie), les chiffres sont en forte baisse ; il y a même un risque d’extinction. Dans d’autres pays, les chrétiens ont du mal à survivre. Mais ils sont de plus en plus nombreux dans le Golfe et dans la Péninsule arabique, essentiellement du fait de l’afflux de travailleurs importés d’Asie et d’Europe.
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L’origine des divisions
Une des caractéristiques majeures de la présence chrétienne au Moyen-Orient est sans aucun doute son extrême diversité.
À la fin de l’Antiquité, le Proche-Orient – qui faisait partie de l’Empire romain – était le centre du monde chrétien : les sièges patriarcaux d’Alexandrie, d’Antioche (aujourd’hui Antakya dans la province de Hatay, en Turquie) et de Constantinople (fondée en 330 après J.-C., devenue Istanbul) brillaient de tout leur éclat à côté de celui de Rome. C’est en Orient également que s’étaient tenus les deux premiers conciles œcuméniques, respectivement à Nicée (325) et à Constantinople (381). La doctrine de la Trinité y avait été définie contre l’hérésie arienne, avec le « symbole » dit de Nicée-Constantinople, c’est-à-dire le Credo qui est récité aujourd’hui encore à la messe du dimanche.
L’unité vola en éclats avec les controverses christologiques du Ve siècle. Au cœur du débat : la question du rapport entre la nature humaine et la nature divine en Jésus-Christ. De quelle manière pouvaient-elles être unies ? Sur la longue durée, cette question devait stimuler une réflexion féconde qui est, entre autres, à l’origine du concept moderne de personne, inconnu dans le monde antique. Dans l’immédiat, toutefois, on vit se confronter plusieurs formulations dogmatiques, que l’on peut répartir entre trois « familles ».
À la fin de l’Antiquité, le Proche-Orient – qui faisait partie de l’Empire romain – était le centre du monde chrétien : les sièges patriarcaux d’Alexandrie, d’Antioche (aujourd’hui Antakya dans la province de Hatay, en Turquie) et de Constantinople (fondée en 330 après J.-C., devenue Istanbul) brillaient de tout leur éclat à côté de celui de Rome. C’est en Orient également que s’étaient tenus les deux premiers conciles œcuméniques, respectivement à Nicée (325) et à Constantinople (381). La doctrine de la Trinité y avait été définie contre l’hérésie arienne, avec le « symbole » dit de Nicée-Constantinople, c’est-à-dire le Credo qui est récité aujourd’hui encore à la messe du dimanche.
L’unité vola en éclats avec les controverses christologiques du Ve siècle. Au cœur du débat : la question du rapport entre la nature humaine et la nature divine en Jésus-Christ. De quelle manière pouvaient-elles être unies ? Sur la longue durée, cette question devait stimuler une réflexion féconde qui est, entre autres, à l’origine du concept moderne de personne, inconnu dans le monde antique. Dans l’immédiat, toutefois, on vit se confronter plusieurs formulations dogmatiques, que l’on peut répartir entre trois « familles ».
Constantin et les Pères du premier concile de Nicée (325)
Aujourd’hui, ces formulations peuvent être reçues comme des approximations successives et qui ne se contredisent pas, bien qu’elles ne soient pas identiques ni parfaitement superposables. Mais à l’époque, des antipathies ou des ambitions personnelles et surtout des calculs politiques prévalurent.
D’un côté, il y avait l’Église de langue latine et surtout grecque, qui étaient fortement influencées par la protection impériale ; de l’autre, l’Église de Perse avait intérêt à marquer sa distance par rapport à Constantinople, de manière à éloigner tout soupçon de représenter une cinquième colonne « romaine » au cœur de l’Empire perse. Enfin, de nombreux peuples du Proche-Orient, comme les Égyptiens, les Arméniens ou les Syriaques, étaient en train de récupérer, justement grâce au christianisme, leur identité propre après des siècles d’hégémonie hellénistique sur les plans culturel et politique.
Dans bien des cas, la différence théologique devint ainsi une manière d’exprimer la requête d’une plus grande autonomie vis-à-vis de Constantinople. Cette lutte qui sévit longtemps fut certainement l’une des causes qui favorisèrent au VIIe siècle les conquêtes arabes et finalement l’effondrement de l’Empire romain d’Orient.
1. La ligne syro-orientale (« nestorienne ») ici
2. La ligne miaphysite (« jacobite ») ici
3. La ligne chalcédonienne (« melkite ») ici
4. Les Latins
5. Les évangéliques
Récapitulatif des rites et des Eglises ici
*****
Docteur en études orientales à l’Université Ca' Foscari de Venise, Martino Diez est directeur scientifique de la Fondation internationale Oasis et enseignant-chercheur en langue et littérature arabe à l'Université catholique de Milan. Première parution de l’article dans Oasis, avril 2017.
D’un côté, il y avait l’Église de langue latine et surtout grecque, qui étaient fortement influencées par la protection impériale ; de l’autre, l’Église de Perse avait intérêt à marquer sa distance par rapport à Constantinople, de manière à éloigner tout soupçon de représenter une cinquième colonne « romaine » au cœur de l’Empire perse. Enfin, de nombreux peuples du Proche-Orient, comme les Égyptiens, les Arméniens ou les Syriaques, étaient en train de récupérer, justement grâce au christianisme, leur identité propre après des siècles d’hégémonie hellénistique sur les plans culturel et politique.
Dans bien des cas, la différence théologique devint ainsi une manière d’exprimer la requête d’une plus grande autonomie vis-à-vis de Constantinople. Cette lutte qui sévit longtemps fut certainement l’une des causes qui favorisèrent au VIIe siècle les conquêtes arabes et finalement l’effondrement de l’Empire romain d’Orient.
1. La ligne syro-orientale (« nestorienne ») ici
2. La ligne miaphysite (« jacobite ») ici
3. La ligne chalcédonienne (« melkite ») ici
4. Les Latins
5. Les évangéliques
Récapitulatif des rites et des Eglises ici
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Docteur en études orientales à l’Université Ca' Foscari de Venise, Martino Diez est directeur scientifique de la Fondation internationale Oasis et enseignant-chercheur en langue et littérature arabe à l'Université catholique de Milan. Première parution de l’article dans Oasis, avril 2017.